Le porc altier
Le porc altier
Interview avec l’équipe de l’exploitation agricole de la ferme de Mesenguy
Pour cette interview, nous rencontrons les passionnés derrière une exploitation familiale située à Vilottran, dans l’Oise. Depuis 1988, ils ont su bâtir leur projet agricole en partant de zéro, sans être issus d’une tradition agricole. Voici leur histoire telle qu’ils nous l’ont racontée.

UVE : Et quelles sont les conditions d’élevage de vos animaux ?
Philippe et Sylvie : Nos porcs évoluent dans de grands parcs avec de petites courettes extérieures. En agriculture biologique, la norme est de 2,5 m² par cochon, alors que dans le conventionnel, on ne leur accorde que 0,6 m². Bien sûr, ces courettes restent des espaces de vie pour cochons, donc elles peuvent être un peu salies, mais nos animaux ont toujours un endroit sec et adapté. Par ailleurs, nous les élevons par lots d’environ 30 bêtes afin d’éviter que les différents groupes se mélangent. Cela permet de maintenir une hiérarchie propre : chaque groupe vit en harmonie et les porcelets reconnaissent très facilement leur mère grâce à leur odorat très développé.
Nous gardons les truies même après qu’elles aient mis bas. Une fois que les petits sont sevrés, nous les remettons ensemble dans leur groupe. Les cochons vivent ensemble jusqu’à un certain âge, après quoi les truies finissent en saucisse. C’est le principe de l’élevage (dit-elle en haussant les épaules)
UVE: Côté production, comment vous organisez-vous ? Produisez-vous vous-mêmes ou faites-vous appel à des artisans locaux ?
Philippe et Sylvie: Au départ, nous faisions tout nous-mêmes. Jusqu’au jour où il nous a été interdit de fumer dans notre cheminée, nous fumions la viande sur place. Depuis, nous faisons appel à un artisan pour fumer la viande, mais nous nous équipons petit à petit pour reprendre cette activité en interne.
UVE : Votre fille Cécile vous a rejoint avec son mari pour s’occuper de la production, n’est-ce pas ?
Agriculteur : Exactement. Cécile s’est jointe à nous il y a une dizaine d’années. Quant à moi, je m’occupe des bêtes et j’adore ça. Nous sommes quatre associés, complétés par un salarié sur la ferme et deux équivalents temps plein dans le laboratoire.
UVE : Pour commencer, pouvez-vous nous présenter rapidement ce que vous élevez sur votre exploitation ?
Philippe et Sylvie : Bien sûr. Nous élevons de l’agneau et des porcs et nous avons également quelques chevaux – mais nous ne les mangeons pas –
UVE : Où se situe exactement votre exploitation ?
Philippe et Sylvie : Nous sommes à Vilottran, dans l’Oise, tout près d’ici.
UVE : Parlez-nous de vos débuts. Quand et comment avez-vous lancé votre exploitation ?
Philippe et Sylvie : Nous avons créé notre exploitation en 1988, en partant de zéro puisque nous n’étions pas issus d’une famille d’agriculteurs. Au début, nous faisions de la volaille, en reprenant un élevage industriel… un système qui, même s’il était financièrement avantageux, était épouvantable pour les animaux.
UVE : Vous avez donc arrêté la volaille pour vous orienter vers le porc et l’agneau ? Combien de porcs élevez-vous actuellement ?
Philippe et Sylvie : Aujourd’hui, nous avons environ 80 truies qui produisent près de 1500 porcs par an. C’est une petite exploitation en bio et de qualité, comparée aux élevages conventionnels qui comptent des dizaines de milliers de porcs.

UVE : Vous avez également des brebis ?
Philippe et Sylvie : Oui, nous avons environ 80 brebis que nous laissons en liberté au maximum – elles se promènent notamment dans notre verger de pommes à cidre, avant la récolte bien entendu. Nous cultivons aussi des céréales pour nourrir nos bêtes. De plus, il y a deux ans, nous avons repris environ une quinzaine de vaches pour la production de viande.
UVE : Depuis quand avez-vous opté pour l’agriculture biologique ?
Philippe et Sylvie: Cela fait maintenant une vingtaine d’années que nous sommes en bio – je n’ai pas compté précisément.
UVE : Avez-vous toujours été tournés vers l’agriculture ?
Philippe et Sylvie: Oui, contrairement à certains de nos enfants, nous avons fait des études agricoles. Pour ma part, j’ai obtenu un BTS agricole et Philippe est ingénieur agricole. Nous avons toujours rêvé de nous installer dans ce domaine.
UVE : Où en êtes-vous aujourd’hui financièrement ?
Philippe et Sylvie : Ce n’est pas toujours simple. Les 30 premières années ont été particulièrement difficiles, car nous partions de rien. Heureusement, désormais, les banques nous suivent et nous voyons notre projet prendre forme. Je ne rêve pas de parcourir le monde, vous savez, et Sylvie partage ce sentiment. Nous ne sommes pas passionnés par les longs voyages ou les vacances lointaines. Nous sommes heureux ainsi, dans notre métier, avec un cadre de vie qui a beaucoup de valeur. Pour nous, le véritable luxe, c’est le paysage que nous contemplons chaque matin et toute la journée.

Cet entretien nous révèle la passion, la détermination et l’amour du terroir qui animent Sylvie, Philippe et leurs enfants.
Chacun son poste, Philippe à la terre, Cécile à la production, et Sylvie avec les bêtes. Même si ces animaux sont destinées à « finir en saucisses », comme le dit Sylvie, on sent lorsqu’elle en parle qu’il y a un véritable amour pour ses bêtes.
Une aventure humaine et agricole qui prouve que le bonheur se trouve souvent dans la simplicité et le respect de la nature.
Lien vers leur site : https://www.mesenguy.com/